Les 4 piliers sensoriels de la méthode verbotonale

mise à jour visuell (2)

Ou comment apprendre une langue… avec tout le corps !  

Dans la méthode verbotonale, on ne se contente pas d’écouter ou de répéter. 
On vit la langue. 
On la sent, on la danse, on la dessine, on la respirerait presque.  

Petar Guberina a conçu quatre disciplines complémentaires pour que l’apprentissage de la langue orale soit pluri-sensoriel, surtout quand l’ouïe fait défaut. 
Voici ces quatre piliers, véritables colonnes vertébrales de sa méthode :  

1. Le rythme corporel : la langue, c’est dans les muscles !  

👉  Le rythme corporel consiste à accompagner la parole par des mouvements du corps : taper des mains, ouvrir les bras comme quand on ouvre la bouche pour dire un [a]. 
Chaque son a un geste approprié, chaque syllabe, chaque accent tonique devient un geste.  

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🔹 Pourquoi ? 
Parce que le rythme d’une langue (sa prosodie) est difficile à capter si on n’entend pas bien. 
Mais le corps, lui, sent le tempo. 
 

🔹 Pour les sourds ? 
C’est une boussole rythmique. Le corps devient un instrument de perception : il sent les pauses, la vitesse, l’intensité, les accents, les silences. 
Et quand on parle, ce rythme intérieur guide la prononciation.  

🧠 Petit plus : ça marche aussi pour les entendants…  

2. Le rythme musical : quand la langue devient une chanson  

👉 Le rythme musical utilise des exercices inspirés de la musique :  

  • Répétition sur un schéma rythmique (comme une partition)  
  • Utilisation de percussions ou de sons modulés  
  • Travail sur l’intonation comme une mélodie 
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🔹 Pourquoi ? 
Parce que chaque langue a sa mélodie propre
Le français ondule en vagues douces. 
  

🔹 Pour les sourds ? 
Même sans entendre la mélodie, on peut la ressentir :  

  • Par les vibrations, par l’observation des mouvements de bouche, par la mémoire gestuelle du « chant » de la phrase 

3. Le graphisme phonétique : dessiner les sons pour les comprendre  

👉 Le graphisme phonétique consiste à dessiner les sons à l’aide de symboles visuels simples :  

  • Des lignes pour représenter la durée d’un son  
  • Des vagues pour l’intonation  
  • Des flèches pour les montées/descentes de ton  
  • Des couleurs ou formes pour distinguer les voyelles ou consonnes 
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🔹 Pourquoi ? 
Parce que voir un son, c’est le décomposer, le comprendre, le reproduire
Exemple : un [s] long comme dans « serpent » peut être dessiné par une ligne ondulée et longue. 
Un [p] bref et explosif ? Un petit pic vertical.  

🔹 Pour les sourds ? 
C’est une carte du son
Quand l’oreille ne suffit pas, l’œil prend le relais. 
Grâce à ces schémas, l’apprenant voit ce qu’il doit produire — comme un musicien lit une partition.  

4. La phonétique : la science du son, en vrai  

👉 La phonétique dans la méthode verbotonale n’est pas une leçon théorique. 
C’est un atelier pratique où on apprend à :  

  • Sentir comment les sons se fabriquent (souffle, vibration, position de la langue)  
  • Distinguer un [v] d’un [f], un [l] d’un [r], un [s] d’un [z] 
  • Observer les mouvements des lèvres dans un miroir (ou en vidéo) 

🔹 Pourquoi ? 
Parce que prononcer un son, c’est une action mécanique
Et comme on apprend à jouer du piano en voyant où poser les doigts, on apprend à parler en sachant où placer la langue.  

🔹 Pour les sourds ? 
C’est fondamental. 
Ils deviennent des ingénieurs du son :  

  • Ils touchent la gorge pour sentir la vibration du [b] (voisé) vs [p] (non voisé)  
  • Ils mettent la main devant la bouche pour sentir le souffle du [f]  
  • Ils regardent le prof en gros plan pour imiter chaque mouvement 

🔧 Bref, ils deviennent des experts en acoustique corporelle 

Et le tout ensemble ?  

👉 Une méthode sensorielle, humaine, inventive
Une approche qui ne dit pas : « Tu n’entends pas ? Dommage. » 
Mais plutôt : « Tu n’entends pas ? Alors on va utiliser tout le reste. »  

Et c’est là tout le génie de Guberina : 
Transformer un handicap en super-pouvoir sensoriel.  

🎙️ Parce qu’une langue, ce n’est pas que du son. 
C’est du rythme, du dessin, du mouvement… et surtout, du courage.  

Et vous, quelle discipline vous tente le plus ? Le corps ? Le dessin ? La musique ? Dites-le-nous — même sans parler, on vous entend 😉  

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